imaginé par Jean-Marc Aractingi, LE Grand Maître du Grand Orient Arabe Œcuménique (GOAO), LeS RITUELS ET CATECHISMES au quatre premiers degres Du RITE Œcuménique VIENNENT DE PARAÎTRE aux Editions l’Harmattan, Paris.
Il est un constat désolant pour des adeptes d’une fraternité universelle, c'est que peu de Français, ou d’Européens, de confession musulmane fréquentent les loges maçonniques, toutes obédiences confondues. Cet échec à la fraternité s'explique par de nombreuses raisons, mais il est évident que les rituels que la maçonnerie propose, les décors qui ornent ses locaux et les récits historiques ou mythologiques qui les soutiennent n'ont que peu de points communs avec la culture arabe. En revanche, les rappels à la symbolique chrétienne ou judaïque de nos rituels sont nombreux et parfois très explicitent (cf. le très chevaleresque Rite écossais Rectifié, le rite d'York...). Nos rituels occidentaux relatent des chroniques anciennes de la Bible, du Talmud ou nous parlent de kabbale en multipliant les termes hébraïques et les références au christianisme. Et plus on monte dans les hauts grades, plus cela se vérifie. Précisons encore que le protestantisme est largement représenté depuis le texte fondateur des Constitutions d'Anderson en 1723, avec son lot de pré-requis non négociables sur la croyance en Dieu, qui, sans aucune faute de goût, est celui des chrétiens naturellement. Rien ne vient alors conforter le regard du musulman, ou tisser un lien avec son passé, son histoire sociale ou religieuse.
Le Rite Œcuménique imaginé par J-M. Aractingi, loin de renier ses origines, se fonde sur le Rite Écossais Ancien et Accepté dont il conserve toute l’architecture mais s’inspire de l'ancienne maçonnerie musulmane opérative, au même titre que des branches initiatiques de l'islam (soufis, druzes et ismaéliens). Il fait toujours appel aux symboles et références communs au judéo-christianisme, mais emprunte également à la symbolique musulmane (comme, par exemple, des signes de reconnaissance, une symbolique des couleurs ou du voyage initiatique du Prophète). Les trois grandes religions du Livre sont ainsi également représentées afin que chacun s'enrichisse des pensées et des savoirs de l'autre. Il s’agit bien ici, et uniquement, d’instaurer des repères culturels communs afin que chacun trouve sa place dans le déroulement d’une « tenue ». Là encore, à l’identique des autres rites, les symboles s’entrecroisent harmonieusement dans un récit qui parcourt pas à pas les degrés à la manière des épisodes d’une longue aventure. Toute la symbolique maçonnique fait encore à cette occasion une lecture à contre-courant de l’histoire, mais en matière de rituel on ne fait pas de l’histoire mais de l’imagerie. Le maçon fait de la recherche « à la godille » de lien en lien, sautant d’un symbole à l’autre pour, comme écrivait Louis Claude de Saint-Martin, acquérir la connaissance des « rapports qui unissent Dieu, l'homme et l'univers »
Faut-il réécrire les rites de l’Ordre en suivant le fil d’une histoire maçonnique vraie, ou accepter de l’éclairer d’un jour différent par ses légendes ? Est-il utile de lever un coin de ce voile des croyances qui escamote l’histoire à notre bon sens, qui dérobe sa réalité ? En plongeant son regard dans ce jeu de miroirs des mythes symboliques qui ornent les rituels maçonniques, on ne peut que constater que c’est le paysage nécessaire à son imaginaire, son droit à la rêverie. Pour reprendre un concept imagé, on peut violer l’histoire à condition de lui faire un enfant. Et les enfants ne manquent pas, viables pour la plupart qui démontrent que si le passé est émaillé de contes, la modernité pour sa part n’est pas désenchantée. Contrefaçons de l’histoire sans doute, mais ces récits fédèrent. Ils unissent des maçons dans le monde entier. Malheureusement, certains enfants perfides qui ne ressortissent pas tant au merveilleux qu’à la manœuvre politique, se sont multipliés. Les grades ont alors parfois transformé la maçonnerie en une armée de généraux, flattés par des secrets qui ne sont que de Polichinelle. C’est une des raisons, avec la volonté de s’adapter à la démarche épurée de l’ésotérisme musulman, pour lesquelles le Rite Œcuménique se compose seulement de sept degrés, comme un retour dans le passé, un peu semblable au système du Rite écossais Rectifié.
* Extrait du livre : Rituels et catéchismes au Rite Œcuménique, Orient et Occident à la croisée des chemins maçonniques, Jean-Marc Aractingi et Gilles Le Pape, Éditions l’Harmattan, Paris, Mars 2011
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source : le Post du 14/03/2011
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